mercredi 11 novembre 2009

La question du nucléaire ...


A l'approche de l'Assemblée Générale d'ATTAC France, la question du positionnement de l'association face à la question du nucléaire a l'art de cristalliser toutes les passions et les craintes. A l'approche de l'AG d'Attac France / Vers un abandon progressif du nucléaire ? - 11 Novembre 2009




Au risque de mettre les pieds dans le plat, je tenais à apporter mon point de vue sur la "résolution n°5" intitulée "Pour une prise de position d'Attac-France en faveur de l'abandon progressif de la production d'électricité nucléaire en France" et pour laquelle j'ai voté contre.
De cette résolution n°5, qui a le mérite d'ouvrir le débat, on peut résumé 3 justificatifs principaux à cette position : 1- les "politiques néocolonialistes" qu'induit l'exploitation d'uranium, 2- la dangereusité des déchets radioactifs, 3- le fait que le nucléaire ne soit pas une réponse contre le réchauffement climatique.

Concernant le premier point, dire que le nucléaire induit des "politiques néocolonialistes" est aussi approprié que dire que l'exploitation du fer, du cuivre, du charbon ou du nickel entraîne l'impérialisme et le néocolonialisme. Dans ce cas là, que faire ? Abandonner le plastique fait à base de pétrole et en finir avec les ordinateurs dont l'un des composants, le coltan n'est pas étranger à certains conflits en Afrique dans la région des grands lacs. L'exploitation de n'importe quelle ressource minière et la production de n'importe quel bien agricole doit respecter l'homme et l'environnement. Aussi, si par exemple la production de coton au Kazakhstan se fait dans de mauvaises conditions sociales et environnementales, doit-on pour autant cesser de produire du coton au Kazakhstan, ne peut-on pas plutôt essayer d'améliorer cette situation ? Enfin, aujourd'hui les deux premiers producteurs mondiaux d'uranium sont l'Australie et le Canada, des pays rarement considérés comme des "pays du Sud". L'uranium est par ailleurs une ressource largement mieux distribuée géographiquement dans le monde que le pétrole.

Second point, la question des déchets nucléaires, dont l'importance nécessite de gros investissements dans la recherche afin d'apporter de meilleures réponses à leur traitement. Des investissements dans la recherche, contradictoires avec ce que la résolution n°5 dénonce (sans fondements) : "la production d'électricité d'origine nucléaire ... accapare, en France, l’essentiel des ressources de recherche/développement qui pourraient être utilisées pour faire progresser les énergies renouvelables et leur déploiement, ainsi que pour mettre en œuvre les politiques d’économie d’énergie et de sobriété énergétique indispensables, d’où le retard national " Comme le souligne Jean-Pierre, il existe actuellement plusieurs voies pour les déchets, leur isolement, leur destruction ou leur récupération. La fermeture des centrales existantes ne serait pas une solution pour les déchets déjà existants, contrairement à la poursuite de la recherche pour y remédier. Par ailleurs, comme tend à le démontrer la situation actuelle, le nucléaire est en pleine croissance dans le monde (Europe, Maghreb, Asie ...). Peu de chance qu'un abandon de cette filière, où la France possède un savoir et un savoir-faire, entraîne un effet de domino. Peu de chance que 2,5 milliards de chinois et d'indiens (dont près de la moitié de la population n'a pas accès à l'électricité) comblent leurs besoins avec des éoliennes. Bien entendu, l'éolien, le solaire, l'hydraulique doivent être développés. D'un point de vue environnemental, ils sont encore la meilleure solution. Pour autant, le barrage hydroélectrique des Trois Gorges en Chine est-il un exemple de "meilleure solution" environnementale et sociale ? Sans aller dans ces extrêmes, la solution d'un mix énergétique me semble être la voie la plus saine et la plus réaliste.

Dernier point, la question de l'efficacité du nucléaire dans la lutte contre le réchauffement climatique. Dans le cas de la France, nous sommes actuellement l'un des pays européens a rejeter le moins de carbone. Nos amis polonais gros producteurs et consommateurs de charbon (95% de la consommation d'électricité) et donc gros pollueurs, doivent aujourd'hui trouver des solutions face à la taxe carbone et aux futurs accords de Copenhague. Les polonais se tournent donc à présent vers le nucléaire français (et devraient se doter de deux centrales d'ici 2025). Lorsque l'on sait que les énergies renouvelables non nucléaires sont par nature discontinues et posent automatiquement la question du stockage, il faut bien reconnaitre également cette qualité à l'atome : produire beaucoup d'électricité en continue. Là où je suis en revanche d'accord avec les signataires de la résolution n°5, c'est lorsqu'ils pointent du doigt la libéralisation de cette filière. Au delà de la seule filière nucléaire, c'est à mon sens l'ensemble du secteur énergétique qui devrait être du ressort public, comme l'eau, la santé ou encore l'éducation.

Le nucléaire correspond t-il au valeurs défendues par Attac ? Dans la mesure où il offre une source d'énergie importante, peu polluante et à faible coût, n'aurions nous donc pas dû faire en France, il y a 50 ans, le choix du nucléaire ? Le coût de notre électricité n'aurait probablement pas été le même (l'un des plus bas d'Europe) et nos émissions de carbone n'aurait pas non plus été les mêmes (parmi les plus basses d'Europe).

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