mercredi 3 janvier 2024

La fin des « bonne année »

Aurions-nous perdu toute fantaisie et insouciance ?

J’ai été frappé cette année de constater le peu de messages de bonne année adressé non pas à moi mais de manière générale. Les réseaux sociaux sont notamment assez pratiques pour mesurer les us et coutumes d’une époque et ses évolutions. Lors du changement d’année, j’ai eu le sentiment que chacun s’était dédié à sa famille et ses proches en se détournant et en délaissant les messages groupés et publications de bonne année.

J’ai eu le sentiment comme cela avait été le cas également au cours de la pandémie de Covid, que chacun s’était replié sur l’essentiel, à savoir sa famille, son foyer, relayant à un second plan le temps dédier aux autres. Notre société déjà régulièrement accusée d’individualiste, d’égoïste et d’égocentrisme, semblait alors avoir encore été plus loin dans cette direction.

Si je ne suis pas spécialement porté sur les souhaits de bonne année, à répétition et démonstratifs, je dois avouer que je trouve un peu triste lorsqu’ils disparaissent complètement et que plus personne ne fait vivre ce genre de coutume.

Comme la désuète bise entre collègue de bureau a disparu emportée par la pandémie de Covid, la disparition des « Bonne année » ponctués d’émojis et de Gif comiques et kitch, sont autant de pratiques d’un autre âge qui rendaient leur époque plus légère et insouciante.

Si la bise dans le cadre professionnel a été logiquement proscrite pendant la pandémie, celle-ci n’ait toutefois pas réapparu une fois le Covid disparu. Décriée comme une pratique sexiste d’un autre âge, la bise est passé en peu de temps d’une pratique courante à très rare voir complètement disparue.

La bise en elle-même ne mérite certainement pas un débat mais le fait que cette pratique sociale répandue disparaisse aussi vite témoigne à mon sens de son décalage complet avec notre époque.

Il est difficile d’estimer dans quelle mesure cella peut être interprété comme un vestige de la période Covid, des gestes barrières et des confinements, ou bien si le Covid n’a fait que l’accélérer.

Je discutais il y a quelque temps avec quelqu’un avec qui j’appréciais beaucoup avoir de longues conversations sur notre société, sur la culture, la religion et la philosophie et nous échangions alors sur le caractère anxiogène et inquiétant des évènements dramatiques, pandémies, guerres et terrorisme, catastrophes climatiques et crises de toute sorte, économique, environnementale, sociale, etc … Qui semble s’abattre sur nous.

Si j’avais pour ma part le sentiment que chaque époque a connu ses crises et qu’il n’était pas moins anxiogène qu’aujourd’hui les années 1960, la guerre froide, la crise des missiles et la menace d’une troisième guerre mondiale atomique, les années 1980 et Tchernobyl, Bhopal, le SIDA, etc … Faisait-il meilleur vivre et était-on moins exposés aux risques il y a 5, 10, 15 ou 20 ans ?

Mon ami me fit remarquer avec justesse que chaque époque avait effectivement compté son lot de catastrophes, guerres, conflits et crises, qui étaient tout aussi inquiétants mais que leur enchainement à un tel rythme était en revanche quelque chose de nouveau.

Je pense que depuis l’expérience exceptionnelle et marquante du Covid, nous avons intégré de manière plus ou moins consciente, une forme de fatalisme et de réflexe de préservation, qui nous fait nous consacrer à l’essentiel. Il s’agit donc plutôt de préparer une soirée de réveillon avec ses proches mais plus d’envoyer à tout son répertoire des messages à minuit une, comme cela se faisait massivement à une époque pas si lointaine.

Et puis, quand les actualités françaises, ne traitent pendant des semaines que d’émeutes urbaines, de guerre en Palestine, de crues et inondations historiques et d’attaques terroristes, il y a clairement peu de raisons d’ouvrir sa fenêtre et aller crier sa joie à ses voisins.


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