Deux camps s'opposent. Nulle place pour le dialogue ou les
nuances. Voilà ce qu'est aujourd’hui devenu la France, le théâtre d'une
sempiternelle guerre fratricide où chaque clan, chaque communauté, chaque cité est
dévorée par une constante haine de l'autre, qu'elle rejette et affuble de tous
ses maux.
Une passion dévorante semble habiter deux France que tout
oppose.
Comme aux États-unis où les dernières élections présidentielles avaient révéler de manière caricaturale deux Amériques antagonistes face-à-face. Les blancs de la campagne ont voté Républicain et pour Trump, comme un seul homme quand les métropoles et les minorités latino, noirs, gays ont votés massivement Biden et démocrate.
Avant de chercher comment unir ces deux mondes que tout opposent,
on peut déjà se poser la question de savoir si cela est même possible.
La France est-elle aujourd’hui dans une situation
différente ?
Les derniers scrutins consacrent un désintérêt massif pour
la politique et les politiques dont la majorité des français estiment qu'ils ne
sont pas en capacité d’apporter des réponses aux maux de la société et à leurs
problèmes, perçus tantôt comme des carriéristes sans pouvoir d'agir, tantôt sans
volonté de faire.
Ensuite, chaque
élection semble confirmer une fracture nette entre deux France. La première conservatrice
attachée aux valeurs traditionnelles et patriotiques, pour qui l'islam est un
bouc émissaire et qui s’émeut de la perte de valeurs d’une seconde France multiculturelle,
jeune, eco-féministe, urbaine et banlieusarde, « wokiste" etc…
Notre pays est aujourd’hui déchiré entre une France bleue
marine et une France insoumise qui se haïssent réciproquement. Aucun dialogue
n’étant plus guère possible entre ces deux mondes.
La mort du jeune Nahël à 17ans, le 17 juin dernier, abattu à
bout portant par un policier lors d'un contrôle, a entraîné des nuits d’émeutes
et de vandalisme dans les banlieues et les grandes villes. Elle a aussi accrue
le clivage existant entre ces deux France, sur les plateaux télés et les
réseaux sociaux où people, influenceurs et spécialistes plus ou moins
autoproclamés ont pris position pour un camp ou pour l'autre. Les uns
s'autoproclamant portes étendards de la justice, des droits des minorités, les
autres de l'ordre face au chaos.
Les nuances sont proscrites sous peine d’être immédiatement onis de part et d'autre, considéré comme un vendu au mieux, un traître ou un ennemi. Dans cet affrontement, on est « avec ou contre moi. »
Cet inexorable affrontement trouvait déjà ses fondements
dans « l'Archipel français" décrit en 1997 par le politologue Jérôme Fourquet.
En traitant de communautarisme, séparatisme, France périphérique ou déconnexion
des élites, celui-ci y décrivait les fractures françaises et l’exacerbation des
clivages structurant la vie sociale et politique. De manière imagée, la France
serait devenu un pays dont les habitants vivent sous un même drapeau national,
mais dans des îles différentes et distinctes.
Alors que seuls le bruit, la fureur et les excès sont
aujourd’hui audibles dans le brouhah d’une société agitée, fébrile et anxieuse,
rien ne semble plus pouvoir apaiser les tensions et raviver la fraternité.
Chaque jour, les chaînes d’informations en continue et le feed,
le fil d'actualité, des réseaux sociaux exacerbent tantôt la haine de l'autre, tantôt
la peur et toujours une inexorable tension fratricide de chacun envers « les
autres », ceux qui vivent et pensent différemment.
Alors que les minorités qui composent notre patchwork français
s'opposent elles-mêmes entre elles, cherchant sans relâche des boucs-emissaires,
attribuant là encore aux autres minorités tous les maux de la société, où et comment
peut-on encore s’accrocher à l'espoir d'une réconciliation, d'une intelligence collective
qui dépasse les différences pour s'attacher plutôt à ce qui nous réunit et qui s'attache
au bien de tous .
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