J’ai toujours beaucoup aimé les films d’anticipation. Justement parce
que ce sont des films et non la réalité.
Vous savez les histoires qui traitent d’un futur imaginaire, qui reposent
sur une hypothèse de ce que pourrait être notre avenir, en général «si les choses tournent mal.»
Je pense notamment à La planète des singes (Ted Post 1970), Soleil
vert (Richard Fleischer 1976), L’Armée des douze singes (Terry Gilliam 1985) ou
son original La jetée (Chris Marker 1962), Blade Runner (Ridley Scott 1982), Orange
mécanique (Stanley Kubrick 1971), Bienvenue à Gattaca (Andrew Niccol 1998), Brazil
(Terry Gilliam 1984) etc. …
Chacun de ces films raconte un monde futur sombre pour l’Homme et au-delà
de leur aspect distrayant, ce qui m’a toujours intéressé c’est surtout la
projection et l’imaginaire auxquels ils amènent le spectateur, ainsi que la réflexion.
Genre à part du cinéma de science-fiction, les films d’anticipation
puisent leurs racines dans le réel, voire l’actualité. Ce sont ensuite les
spéculations et les imaginations qui permettent de lui donner forme.
J’ai préféré traiter de cinéma plutôt que de littérature alors qu’il
aurait été possible de la même manière d’évoquer les romans d’anticipation, de
1984 (Georges Orwell 1949), en passant par Fahrenheit 451 (Ray Bradbury 1953), La
route (Cormac McCarthy 2006), Malevil (Robert Merle 1972) ou Le Meilleur des
mondes (Aldous Huxley 1932) bien sûr, s’eut-été la même réflexion mais à mon sens
le cinéma parle davantage à notre imaginaire collectif, parce que certaines
scènes sont gravées dans notre culture et demeureront à jamais cultes pour nous
tous et simplement parce qu’ils rendent ces futurs plus réalistes en mettant
des images sur les mots.
Une œuvre d’anticipation s’inspire généralement de notre réalité et
de l’actualité de son auteur. 1984 est écrit par Orwell à la sortie de la seconde
guerre mondiale et appréhende déjà en 1949 des sujets et questions de société
qui ne feront que croitre dans les années et les décennies qui suivent.
L’anticipation c’est l’extrapolation de la réalité, son développement
afin de donner un aperçu d’un lendemain possible. Pas toujours heureux, rarement heureux même, mais possible.
Or, l’actualité ne rattrape-t-elle pas parfois la fiction ? Les
questions éthiques et de société soulevées par Bienvenue à Gattaca, l’Armée des
douze singes, Brazil ou Blade Runner, la liberté et place de l’individu, les expérimentations
et la maltraitance animale, les virus et épidémies, l’accroissement des inégalités
sociales et les violences qu’elles peuvent provoquer, la destruction de notre
environnement, notre surconsommation, l’uniformisation culturelle ou encore la croissance
démographique … Ne s’agit-il pas là de sujets qui nous concernent déjà directement ?
Dans bien des cas, l’anticipation n’est rien de moins que le déroulement
des travers et des maux de notre société mis en scène.
Le confinement pourrait-être l’occasion pour nous de nous
replonger dans ces œuvres et d’y voir aussi une mise en garde.
A ma connaissance, aucun film réalisé jusqu’à présent n’a pour
scénario le confinement de la moitié de l’humanité. Comme quoi parfois la
réalité dépasse la fiction.
Il faut dire qu’un film qui traite de files d’attente dans les grandes
surfaces pour du papier toilette n’aurait peut-être pas marqué les esprits. L’Homme
est plein de ressources et créatif, néanmoins nous n’en demeurons pas moins
vulnérables face à de nombreuses menaces dont nous sommes nous-mêmes responsables.
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