L’automne dernier, j'ai eu une discussion très intéressante
avec quelqu'un dont j’apprécie beaucoup la culture et la philosophie. Le sujet
de notre conversation était le silence.
D’éducation chrétienne il avait été, comme on peut l'être dans la plupart des
religions, assez exposé et emprunt des vertus et de la noblesse que l'on prête
au silence, alors que notre époque au contraire semble tout faire pour nous en
éloigner.
Le silence est d'or, il facilite la
concentration en l'absence de nuisances sonores quelles qu'elles soient.
En effet, nombreuses sont les pratiques spirituelles liée au silence dont les vertus sont louées et seraient un moyen de s’élever et atteindre l’extase. C’est le cas par exemple de l’isolement ou de l’ascétisme, disciplines volontaires du corps et de l'esprit cherchant à tendre vers une perfection. Le silence est alors perçu comme harmonie, il est l’expression de la paix, de la perfection, du divin.
Pourtant à l’inverse et c’était là l’une de nos
réflexions, notre époque prête de bien mauvaises intentions au silence et
cherche souvent à le faire disparaitre. Le silence devient rare. Dans notre société moderne en particulier où la
communication est constante et perçue comme une nécessité, le silence est souvent associé à une forme de passivité,
« qui ne dit mot consent » et revête régulièrement une connotation
négative, « un silence coupable. » Il est peu élogieux d’« être
muet comme une carpe » ou pire « muet comme une tombe. »
En outre, qu’y a-t-il de plus révoltant que de se sentir
bâillonné ou muselé sans pouvoir s’exprimer. Être astreint au silence est assez souvent perçu comme une peine, une
punition, voir même à une déshumanisation de celui que l’on prive de la parole.
Telle l’abime, le vide du silence dérange, déplaît et fait peur, le silence c’est l’isolement et la solitude.
Pourtant, face à l’immensité et à la démesure de paysages majestueux, déserts, forêts et mers à perte de vue, splendeur du ciel infini ou de la voute
étoilée, n’est-ce pas plutôt un sentiment de plénitude et de zenitude
qui nous empli. Notre silence laisse alors
place à la nature qui nous entoure
et à un instant intemporel.
Ce sont des silences riches qui laissent place aussi à notre imagination. Ces silences créateurs qui permettent aux peintres, écrivains, poètes de puiser leur inspiration.
Paul Valéry (Tel quel 1940) a écrit dans les années 1930 : « Entends ce bruit fin qui est continu, et qui est le silence. Écoute ce qu'on entend lorsque rien ne se fait entendre. »
A noter enfin et à voir le beau film de Martin
Scorsese « Silence » (2016) avec Liam Neeson, Andrew Garfield et Adam
Driver, qui traite des persécutions des chrétiens au Japon au 17e siècle.
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