dimanche 20 décembre 2009

Vers une taxe sur les transactions financières ?


Les 5 et 6 décembre 2009, Attac France tenait son Assemblée Générale et ses Assises à l'Université Stendhal de Grenoble. Etant fraichement élu au Conseil d'Administration, j'étais présent comme plus de 250 autres adhérents à ce rendez-vous, l'occasion de discuter, apprendre et échanger sur la situation sociale, économique et environnementale actuelle et les réponses a y apporter. Rien que ça ...



Je vais faire un rapide point sur l'assemblée générale et les Assises avant de publier le communiqué "Brown et Sarkozy bientôt adhérents d’Attac ?" du 11 décembre 2009, sujet de cet article.

Assemblée Générale et Assises d'Attac France - Grenoble, les 11 et 12 Décembre 2009

L'AG a surtout été marqué par les résultats des votes des adhérents sur quelques résolutions (dont celle qui a fait l'objet d'un précédent article sur ce site le 11 novembre dernier), sur le rapport financier et rapport d'orientation et les résultats de l'élection du nouveau CA. Jean-Marie Harribey, Coprésident sortant, n'ayant pas souhaité renouveler son mandat, c'est Thomas Coutrot, qui assurera avec Aurélie Trouvé la Coprésidence l'Attac France. Parmi les nouveaux élus, on note la parité entre anciens et nouveaux élus, et entre femmes et hommes (sans qu’il ait été nécessaire de faire jouer la clause de parité hommes-femmes prévue dans les statuts).

Malgré le constat de l'érosion des adhérents depuis 2003, passés de 30 000 à 10 000 en 2009, les coprésidents annonçaient dans le communiqué adressé au lendemain de cette AG, leur " optimisme raisonné", pour deux raisons principales : D'abord, "Les faits nous ont (malheureusement) donné raison. Jamais nos analyses n’ont été aussi actuelles qu’aujourd’hui : la taxe Tobin sur les transactions financières, qui a dès l’origine symbolisé la vocation d’Attac de « désarmer les marchés financiers », est enfin au premier plan du débat mondial, à Paris, Washington ou Londres, mais aussi à Copenhague. En même temps il est clair que, vu les enjeux, le G20, l’Union européenne ou la France ne décideront rien de sérieux sans une forte mobilisation sociale, que nous devons organiser avec nos partenaires nationaux et internationaux". Ensuite, "La deuxième raison tient à la capacité d’apprentissage de notre association. Nous avons compris qu’on ne peut pas séparer l’enjeu social, l’enjeu écologique et l’enjeu démocratique. Dompter la finance, et plus généralement ramener l’économie à sa place, est nécessaire pour répondre à l’urgence climatique et aux exigences de justice sociale. Nous avons compris une deuxième chose : il ne suffit pas d’interpeller les élus par des manifestations aussi puissantes soient-elles. Il faut aussi montrer par la pratique que des alternatives existent déjà, et que les citoyen-ne-s se les approprient au quotidien : un autre monde est déjà en construction, il faut le faire savoir…"

Un point enfin sur le vote des résolutions, puisque j'avais consacré un article à la très polémique résolution numéro 5, intitulée "Pour une prise de position d'Attac-France en faveur de l'abandon progressif de la production d'électricité nucléaire en France". Les résultats des votes pour cette résolutions sont unanimes puisque 77,5% des votants se sont prononcés Pour, il n'y a pas d'ambiguités là-dessus. Ayant pris position Contre cette résolution, je suis déçu par ce résultat. Pour en avoir discuté avec un adhérent de Chaville, qui me disait ne pas se faire d'illusion sur l'issue de ce vote et de dénoncer des reflexes pavloviens de "grandes peurs", je pense également qu'il est dommage de s'opposer à une solution énergétique qui permet en France de fournir de l'électricité, peu carbonée, à l'un des prix les moins élevés d'Europe. Pour autant, le fait de ne pas être contre l'atome, va de pair avec l'exigence d'une gestion exemplaire de celui-ci. Enfin, ne serait-il pas hypocrite de refuser catégoriquement cette option, alors qu'environ 1,5 milliard d'habitants (près d'un tiers de l'humanité) des pays en développement n'ont pas accès à l'électricité (ni lumière, ni réfrigération, ni climatisation, ni moyens de communication modernes ...). A ces besoins énergétiques considérables et urgents s'ajoutent la necessité de lutter contre le réchauffement climatique. Aussi, dans ce contexte mondiale de surconsommation énergétique au Nord et de carence au Sud, se rendre au Sommet de Copenhague en demandant l'abandon du pétrole et en ne proposant pour les Pays les Moins Avancés et Pays en Développement comme seule solution que d'investir massivement dans les éoliennes et les panneaux solaires pour permettre l'accès à ces 1,5 milliards d'habitants, semble totalement irréaliste. Le Sommet de Copenhague nous oblige à tenir compte des attentes et des besoins des pays du G77 et de l'ensemble des pays en situation de carence énergétique, de ne pas venir uniquement en moralisateur, encore faut-il comprendre leurs attentes et faire des propositions acceptables pour tous.

Communiqué d'Attac-France :

Brown et Sarkozy bientôt adhérents d’Attac ?
On croirait un scénario de politique-fiction. Gordon Brown, depuis treize ans gardien de l’orthodoxie financière au Royaume-Uni, et Nicolas Sarkozy, le président le plus à droite que la France ait jamais connu, décident de taxer les bonus des banquiers. Ils se prononcent pour une taxation des transactions financières, et les vingt-sept chefs d’État ou de gouvernement européens demandent au FMI « d’examiner toutes les options disponibles », y compris « une taxe globale sur les transactions financières ».
L’invraisemblable décalage n’est donc plus tenable entre les discours creux sur la « moralisation » et la « régulation » du capitalisme, et l’exaspération populaire devant les nouveaux records de profits bancaires. Effrayés devant l’ampleur abyssale des déficits publics provoqués par le sauvetage des banques et la récession, et les craquements qui annoncent de nouvelles catastrophes (Dubaï, Grèce…), nos dirigeants s’interrogent : comment faire accepter aux populations, dans ces conditions, de nouvelles réductions des dépenses publiques ?
Attac ne peut évidemment que se réjouir de la taxation annoncée des bonus bancaires, et surtout de la montée en puissance du débat sur la taxation des transactions financières.
Pourtant les vrais responsables de la crise financière ne sont pas les traders : ce sont les gros actionnaires des banques, qui leur ont fixé des objectifs de rentabilité absurdes et insoutenables. C’est la rémunération des actionnaires (et de tous les très riches) qu’il faut en priorité plafonner par la fiscalité directe, si on veut leur retirer la tentation de trop payer leurs traders.
Le vrai problème n’est pas dans les bonus, mais dans les profits des banques, de l’ensemble de l’industrie financière et aussi des principales multinationales. C’est pourquoi une taxe Tobin sur les transactions financières est indispensable : elle permettrait de dissuader les opérations les plus spéculatives, qui se jouent à très court terme et font appel à un fort endettement (« effet de levier »). Elle réduirait ainsi l’instabilité de la finance ainsi que son pouvoir social.
Elle permettrait en outre de trouver des fonds pour éviter l’échec dramatique qui se profile à l’horizon, aussi bien pour les objectifs du Millénaire pour le développement que pour la lutte contre le réchauffement climatique. Au taux extrêmement modéré de 0,1%, la taxe rapporterait plus de 400 milliards de dollars par an. L’Union européenne peut parfaitement la mettre en place sans les États-Unis, et cela rapporterait encore 180 milliards.
Après les paroles, il faut des actes. Nous demandons la mise en place par l’Union européenne d’une taxe sur l’ensemble des transactions financières, y compris les produits dérivés, à un taux significatif. Nous demandons la hausse du taux marginal de l’impôt direct à 90% - comme l’avait fait Roosevelt - sur les revenus les plus élevés. Alors seulement nous accepterons les adhésions de MM. Brown et Sarkozy.

Attac France, Montreuil, le 11 décembre 2009

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