Les candidats de l'émission "les marseillais à Cancun". Une illustration de la fuite des cerveaux français. |
« Jeunes de France, votre salut est ailleurs : barrez-vous !» c’est le titre et slogan d’une tribune, définie plutôt comme un appel par ses trois auteurs et initiateurs, « Félix Marquardt, fondateur des Dîners de l’Atlantique, Mokless, rappeur et Mouloud Achour, journaliste », publiée dans Libération en septembre 2012 et qui tourne depuis sur internet et les réseaux sociaux.
En substance, l’idée générale repose sur le fait qu’il n’y a
pas d’espoir ni d’avenir pour les jeunes en France et que ces derniers ont donc
tout intérêt à ne pas s’enliser et prendre racines dans ce vieux pays, mais
plutôt de prendre leur sac à dos pour « Le Caire, Shanghaï, Mexico ou
Santiago […] Guangzhou ou Le Cap. »
Mis à part le fait que cet appel, créé un clivage entre les
jeunes et les autres, alors que la crise, le chômage et la précarité ne touchent
pas exclusivement les moins de 30 ans (que devraient dire les plus de 50
ans ?), on retrouve dans ce discours l’idée de terres promises et que l’on
peut finalement arriver dans certains pays avec un euro en poche et faire
fortune.
Quand on voit d’une part l’attente, la frustration et le
mécontentement des jeunes au Caire ou à Rio, on se demande si l’herbe est
réellement plus verte ailleurs. Il y a quelques années, on nous louait le
miracle irlandais, on nous présente également la Chine comme le nouvel
Eldorado. Depuis, les irlandais et les milliers de jeunes qui s’y étaient
rendus pour faire fortune, en sont revenus.
Quand on sait également qu’on estime à 200.000 personnes
entrant de manière légale ou non sur le territoire français chaque année,
notamment pour y étudier ou y travailler, on peut raisonnablement être septique
sur la vision dramatique de l’absence d’attraits de d’opportunités de la France.
Enfin, sans vouloir dévaloriser ni leur personne ni leur
texte, il faut tout de même avoir à l’esprit que l’analyse sur l’emploi des
moins de 30 ans en France d’un rappeur, un présentateur télé et un responsable
associatif, n’est peut-être pas la plus objective ni la plus sérieuse.
Il existe des secteurs qui embauchent et on le sait bien,
tous les jeunes, ne sont pas dans la même situation vis-à-vis de la formation
et de l’emploi. Ecoles privées réservées à des privilégiés, taux de réussite
aux examens très variables en fonction des villes et des quartiers,
discrimination à l’embauche etc. …
S’adresser aux jeunes, c’est un peu nier le fait qu’ils ne
sont pas un bloc uniforme et qu’il existe au contraire des situations
complètement diverses et opposées dans cette catégorie d’âge.
Passé le constat alarmiste et accrocheur sur la situation
des jeunes en France, on peut en revanche reconnaître à cette initiative
qu’elle met les jeunes face à leurs responsabilités, qu’elle les pousse à
prendre des risques, tenter leur chance et être ambitieux.
Oui, les jeunes ont plus besoin d’entendre ce type de
discours qui les appelle à prendre leur vie en main, à ne pas baisser les bras
et se laisser entraîner vers le bas par le fatalisme.
Oui, enrichir son CV et surtout s’enrichir soi-même par un
séjour à l’étranger, ne peut qu’être bénéfique.
Les jeunes (mais pas seulement) qui tentent leur chance au-delà
de l’Hexagone ont tout à gagner. Ouverts sur l’international, polyglottes, ayant
découvert d’autres cultures et façons de voir le monde, ils n’auront pas perdu
leur temps.
Ils ne se seront pas forcement enrichis matériellement mais ils
le seront assurément spirituellement et intellectuellement.
Candidats d’une téléréalité diffusé sur TF1, dans laquelle
de jeunes français partent réaliser leurs rêves de devenir chanteuse, strip-teaseuse,
DJ, barman ou mannequin, il faut croire que « les marseillais à Cancun »
sont l’exception qui confirme la règle.
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