samedi 4 octobre 2014

FN, nouveau look pour une nouvelle vie ?

Manier l'art de la dédiabolisation n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît. Un exemple de fashion faux-pas.
Il monte, il monte et personne ne semble s'imaginer qu'il puisse en rester là.
Dans le monde politique français, tous les regards sont tournés vers le Front national. Le parti n'est plus infréquentable, au contraire il est devenu attractif et sa meilleure publicité ce sont ses nouvelles recrues, jeunes et sympathiques, la meilleure preuve que le FN a changé.

Dans la foulée, élection de deux sénateurs, leurs deux premiers, diffusion sur France 3 d'un documentaire "Ravis par Marine" retraçant leurs campagnes aux municipales et aux européennes, interview télé de Brigitte Bardot sur France 2 où celle-ci clame sa sympathie pour Marine Le Pen et passage de la nièce de cette dernière et star montante, Marion Maréchal-Le Pen sur le plateau de France 2 face à Alain Juppé devant près de 3 millions de téléspectateurs.

À chaque fois, ce qui frappe c'est que l'apparence, les visages du parti en 2014, n'ont plus rien à voir avec la représentation que nous en avions il y a encore quelques années.
Certes, la fameuse stratégie de dédiabolisation est passée par là, le discours est lissé, plus politiquement correct mais au-delà des mots il y a surtout une nouvelle génération à l'image des élus FN, Maires, Députés et Sénateurs. Ils sont souvent jeunes, n'ont rien à voir avec de "vieux fachos", sont mêmes parfois issus d'une famille de gauche pour qui le Front national était il y a peu l'incarnation du mal.
L'idée affirmée par le reportage de France 3 et présentée par plusieurs politologues, comme Pascal Perrineau, serait qu'il existe depuis peu deux FN, celui du Nord qui tient un discours social à destination d'une population issue des classes populaires déçues par les partis de gauche et celui du Sud qui tient un discours identitaire à destination d'une population préoccupée par ce qu'ils perçoivent comme la perte des valeurs de la société française.

Face à ce qui s'apparente à une vraie stratégie de communication politique parfaitement rodée, on ne peut que constater l'impuissance et le décalage des autres partis et adversaires du FN qui stigmatisent et conspuent des gens qui n'ont plus rien du monstre et de l'épouvantail repoussoir.
L'ancien d'Indochine, le raciste borgne n'est plus qu'un lointain souvenir aujourd'hui remplacé par les visages jeunes, sympathiques et angéliques des nouveaux portes-étendards de ce qui est devenu "le mouvement Bleu Marine".

Le meilleur carburant du FN c'est l'échec de ses adversaires. Finalement à quoi bon montrer l'épouvantail du doigt lorsque l'on est soit même devenu un repoussoir ?
N'est-ce pas complètement incohérent de penser que la montée du Front national s'explique simplement par celle du racisme en France, alors que dans le même temps le succès cinéma de l'année "Mais qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu ?" est un film promouvant justement la tolérance et le vivre ensemble ?
Plus que la peur de l'autre, c'est surtout le chômage, la baisse du pouvoir d'achat, les augmentations d'impôts, la morosité générale et la piètre image qu'ont les français de la classe politique, qui poussent à s'imaginer que l'herbe est plus verte dans le champ d'à côté.

La triste image d'élections sénatoriales qui n'intéressent personne et renforcent encore le sentiment d'une classe politique usée et déconnectée de la réalité, n'arrangera pas les choses. D'autant plus, lorsque les deux sénateurs FN sont jeunes (26 et 45 ans) et incarnent le renouvellement dans une institution qui est devenue sa propre caricature, celle d'une maison de retraite inutile, bourrée de privilèges d'un autre âge, tout ce dont plus personne ne veut.

Alors, jusqu'où faudra t-il aller pour que ne saute aux yeux, qu'à l'image des membres de sa direction, la diversité n'existe pas dans ce parti ? Oui, la forme a changé, le fond a probablement changé également depuis quelques années et l'arrivée massive de nouveaux adhérents sensibles au nouveau discours n'y est pas pour rien, dire le contraire serait un déni et surtout un anachronisme. Le programme et les solutions qu'il propose n'en restent pas moins de fausses solutions, qui malgré tout, tournent toujours autour du principe de bouc-émissaire lorsqu'il faudrait au contraire parler d'unité et de rassemblement face aux difficultés.
Malheureusement, tant que la combinaison "sauve qui peut c'est la crise !" Et "raz-le-bol faut que ça change !" restera le leitmotiv d'une société française qui va mal, la peur et la colère seront de mauvais conseils qui amèneront à de mauvaises décisions.

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