Quoi qu’il
puisse à présent se passer, on peut déjà avoir une certitude concernant la
Présidence d’Emmanuel Macron, c’est que son mandat restera pour toujours marqué
par la crise dite des gilets jaunes.
Il y a dans la
vie politique, des coups et des affaires politiques, des buzzs médiatiques et
il y a, c’est plus rare, des évènements majeurs, profonds, symboliques et
marquants, ce sont les évènements historiques.
Je n’ai pas
pour habitude de taper bêtement sur un homme ou une femme politique, de
dénigrer la personne ou l’adversaire, comme cela est malheureusement trop
souvent le cas dans ce monde-là, mais, il faut admettre objectivement et le dire lorsque
quelque chose ne va pas, lorsque celui ou celle qui détient le pouvoir est en décalage face à un évènement historique. Quelque soit l'opinion que l'on puisse avoir vis-à-vis du Président de la République, que l’on soit même l’un de ses
soutiens, impossible à moins de simplement faire preuve d’une incroyable
mauvaise foi, de considérer la gestion de cette crise comme réussie.
12 morts et 4000 blessés, voilà
le bilan dramatique de la crise des gilets jaunes en France entre novembre 2018
et mai 2019, alors qu’au même moment de l’autre côté de la Méditerranée, un
autre évènement historique, en Algérie était marqué par le pacifisme des
manifestations et l’absence de répression.
Fin avril, ce
qui se voulait être l’épilogue de ces mois de crise, a finalement fait, pour
reprendre la célèbre onomatopée d’un ex-Président « pschitt. »
Contrairement
au mouvement des gilets jaunes, l’intervention télévisée à l’issue de
l’opération de reconquête dite du « grand débat », pourtant si
préparée, jusqu’au bureau Gaullien et les accents mitterrandiens, n’avait rien
d’historique et nul doute que l’histoire n’en retiendra rien, pas un mot, pas
une phrase.
Dommage.
Dommage, car
le Président de la République est passé à côté de cette colère populaire et
d'une exaspération qui fait le lit de l’extrême droite et à laquelle il n'a pas
su répondre, du début à la fin.
Dommage car
au bout du compte, il n’y a qu’un gagnant à tout cela, ce n’est pas la droite,
ce n’est pas la gauche, c’est l’extrême droite.
Sachant que le
premier parti de la jeunesse dans notre pays est un parti d’extrême droite, il n’est
pas inutile de s’inquiéter.
Alors quoi ?
N’y a-t-il rien qui puisse freiner l’inéluctable ascension des nationalistes ? N’y
a-t-il pas non plus de solutions aux revendications des gilets jaunes ?
Certes, les revendications sont diverses, mais au fond, je suis convaincu que
la colère populaire, quelque soit ce où elle se dirige, ses origines sont
souvent sensiblement les mêmes et pour y répondre, il n’y a pas besoin de grands
débats, pas besoin d’études d’opinion, mais surtout de répondre à un problème
profond, celui du chômage, de la précarité et de l’emploi.
L’emploi, il
y a bien eu des mots à ce sujet lors de l’intervention télévisée d’Emmanuel
Macron, il y a même eu des promesses de « plein-emploi », mais rien
de bien concret pour celles et ceux qui en recherche justement, seulement une
annonce tape à l’œil.
En outre, l’environnement
et l’écologie, auront été les grands absents de cet épilogue. Il n'y a pas eu
de mots pour cela.
Pourtant, ces sujets doivent forcément être au cœur de toutes
les politiques publiques aujourd'hui. Il ne peut pas en être autrement, alors
que la dégradation de notre planète nous menace tous et les générations à venir
plus gravement encore. Ensuite, et immédiatement, c'est le sujet social et au
premier rang duquel la lutte contre le chômage qui doit animer urgemment et
constamment l'action du gouvernement.
Il y a bien sûr de nombreux sujets capitaux tels que les
politiques de santé et d’accès aux soins, d'éducation, de réussite scolaire, de
formation professionnelle … autant de sujets qui sont au cœur d’une politique
en faveur de la cohésion nationale. Il faudra un vrai new deal social pour
répondre aux défis auquel fait face notre pays. Sans une réponse qui ne se
limite pas à des annonces mais qui prend à bras le corps la fracture sociale et
la précarité, aucun doute que le mouvement des gilets jaunes ne sera pas le
dernier évènement historique de colère dans notre pays.
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