dimanche 12 décembre 2021

Gauche perdue, cheveux gras

Décembre 2021, à quatre mois de l'élection présidentielle, alors que l’ensemble de la gauche, partie en ordre dispersée, pèse moins de 25% toute mouillée, deux de ses candidats, crédités de 1% et 4% dans les sondages, viennent d’annoncer au cours des mêmes 24 heures, être près à s’effacer et rallier l’idée d'une primaire qu'ils avaient pourtant toujours rejeté. 

Certaines manœuvres politiques ressemblent parfois davantage à des mouvements de panique, de nouveaux soubresauts d'un calvaire sans fin pour les électeurs de gauche ... L'heure est grave.

Cette situation à gauche n’est pas nouvelle et elle n’a pas attendu Anne Hidalgo. C’est le résultat avant tout d’un désamour grandissant depuis des années et finalement d’un divorce, entre le peuple et la gauche.

Ayant perdu l’adhésion des classes populaires qui s’en sont détournés par dépit et déception, par colère même parfois, les derniers des Mohicans et les apparatchiks qui y demeurent encore s’accrochent toujours à cet espoir que la gauche peut renouer avec la victoire grâce à une règle d'arithmétique politique qui consiste à additionner de petits scores pour en obtenir un grand.

Autrement dit, l’union de petits candidats fussent-ils des confettis, des "lilliputiens", permettrait de créer une dynamique et la surprise tant espéré. Ah vraiment ?

Chimères ! Combien de fois a-t-il été pourtant prouvé que ces raisonnements mathématiques marchaient pas en politique ?


Combien d'exemple ? Encore lors des dernières élections régionales de 2021 dans les Hauts-de-France, on a pu constater que même dans une région traditionnellement encrée à gauche, lorsque les électeurs se détournent des candidats de gauche, quand bien même lorsque ceux-ci décident pour survivre de tous s’unir, en formant un mariage de la carpe et du lapin, dans les urnes cela se concrétise par de piètres résultats.

Malgré une large union de l’ensemble de la gauche, écologistes, communistes, insoumis, socialistes, la liste de rassemblement menée par Karima Delli avait alors péniblement atteint le score historiquement bas de 20 %, permettant au final tout juste de sauver une poignée d’élus et souvent surtout d’apparatchik recherchant un siège, leur permettant ainsi d assurer une présence symbolique au conseil régional d’où la gauche avait disparu. Triste issue dans une région où la gauche a fait pendant longtemps ses scores les plus élevées, comptaient nombre de baronnies et semblait indéboulonnable.


Dans ce contexte, c'est souvent la résignation générale plus que la colère qui plombe les espoirs à gauche, alors que les sondages se suivent et se ressemblent, donnant toujours la gauche dispersée et très basse même en cumulant les scores de tous les candidats.

C’est donc pour tenter d'y croire encore, que tourne cette idée d’une union comme planche de salut, un rassemblement derrière un leader qui fasse l'unanimité, un espoir assez illusoire ...

Si la vie politique regorge de surprises et de retournements de situation, comment pourtant imaginer qu’aussi réduite et déchirée qu’elle puisse être la gauche pourrait renaître et reconquérir grâce à un accord technique entre états majors ?

Quand bien même il existe des points de convergence entre certains partis et certains candidats, c’est bien sûr le cas, comment peut-on imaginer que l’union d une candidate créditée de 3% avec un autre de 2% et un autre de 7% puisse s'accumuler et créer une dynamique en surpassant les divisions et les désaccords que cela générerait immanquablement ?

Plus qu’un accord technique, une addition mathématique de petit scores pour négocier des circonscriptions, comme l’a souligné François Hollande,  « Une candidature d'union n'a de sens que s'il y a un programme commun. » Mais hélas, la gauche ne semble plus raisonner ainsi depuis longtemps, préférant les stratégies de fusions-acquisitions de listes.


Si l’opposition entre progressistes et conservateurs ou bien entre radicaux et modérés semblent d'avantage aujourd’hui trouver écho dans la société que le clivage gauche droite qui a longtemps marqué le paysage politique français, la gauche est-elle pour autant condamnée à boire le calice jusqu’à la lie ?

Faudra-t-il qu’elle continue sa chute, être encore plus inaudible, plus isolée, plus divisée, pour qu'enfin renaisse sur ses cendres une nouvelle offre politique sociale et écologique, avant de renaître et se recomposer sous une forme différente et renouer avec les succès électoraux ?

En attendant cette éventuelle recomposition, on n’en fini pas d’assister médusé, dépité ou parfois même cynique, ce piètre spectacle, plus tragédie que comédie, où chacun ne pense plus qu’à défendre son parti, son logo, son petit pré carré, fusse-t-il aujourd’hui crédité que de quelques pourcents, condamnés à n’être plus que des écuries électorales et non plus des laboratoires d’idées.

Johann Lucas

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