mardi 22 février 2022

Taubira 2022, chronique d’une candidature morte-née

Lancée très tardivement mais avec grands bruits et en fanfare, la candidature de l'ancienne Ministre de la justice des gouvernements Ayrault et Valls, égérie de gauche et hantise de la droite, finira donc sa course a l’élection présidentielle quelques semaines seulement après l'annonce de sa candidature.

Prétextant la désunion de la gauche et le désarroi des électeurs de gauche face à un camp en lambeau, le 17 décembre 2021, Christiane Taubira fait une annonce tonitruante dans un court clip vidéo juste avant les vacances de Noël. Le sourire jusqu’aux oreilles, l’œil pétillant, le verbe haut comme toujours, elle annonce « envisager » de se présenter à l’élection présidentielle.

Il n en fallait pas plus bien sûr pour que le microcosme de la gauche s’emballe, que les reliquats de partis en perditions clapotent, encore traumatisés par leur relégation d'anciens dominants au rang de nains politiques. Il n'en fallait pas plus pour faire fulminer et s'affoler leurs apparatchiks, terrorisés à l'idée de perdre encore quelques précieux points d’intentions de vote dans les sondages.


S’autoproclamant femme providentielle, seule capable de rassembler une gauche perdue, orpheline et surtout condamnée à la défaite depuis la Présidence Hollande, Taubira avait donc pris la décision de sortir de sa retraite, éncouragée et poussée par ses supporters et notamment par son ancien parti, le Parti Radical de Gauche (PRG) qui l'avait présenté aux élections présidentielles en 1997.

Devenu depuis longtemps un ersatz de parti ne subsistant que grâce aux perfusions des accords d’appareil avec le Parti Socialiste, le PRG n’incarne plus rien depuis bien longtemps si ce n’est le souvenir d’un parti qui fête ses 50 ans en portant une candidature à la Présidentielle pour la troisième fois de son histoire avant de lâcher subitement lâcher sa candidate, rattrapé par des considérations purement pragmatiques et politiciennes.

Sans accord avec le PS, les quelques élus PRG savent qu’ils baisseraient définitivement le rideau et disparaîtrait définitivement du paysage politique parce qu’il ne pourrait sauver aucun de leurs derniers parlementaires

Christiane Taubira stagnant à moins de 5 % dans les sondages, alors que la Primaire populaire n’a pas eu d’effet accélération à sa candidature, voilà donc le coup de grâce par ces propres soutiens, ceux-là même qui étaient allés la sortir de sa retraite et qui finissent par l’abandonner sous la pression de leurs « amis » socialistes.


C’est un échec total pour celle qui avait l’ambition de rassembler la gauche et qui s’était engagée à ne pas être un candidature de plus, avant de finalement se proclamer candidate sans que n’avoir compté le moindre ralliement et en bafouant donc son premier engagement d’œuvrer au rassemblement de la gauche.

Comment, en annonçant sa candidature le 15 janvier à Lyon, entourée de tous ses soutiens, au premiers rangs desquels ses amis radicaux de gauche, Christiane Taubira aurait-elle pu imagier une seconde que sa candidature ferait pchittt aussi vite, qu’elle ne décollerait jamais dans les sondages et pire, qu’elle serait pris pour cible avec tant d’acrimonie et de ressentiment, la principale cible des autres partis de gauche, ceux qui auront été les plus durs avec elle alors qu’elle espérait quelques semaines avant les rassembler.

Car, si on s’attendait à ce qu’elle accuse les foudres de l’extrême droite, c’est finalement la gauche qui aura tapé sur elle avec le plus de violence espérant la faire jeter l’éponge et récupérer les quelques pourcentages d’intention de vote qu’elle aura grappillé pendant ces quelques semaines.


Moins d’un mois après son lancement de campagne et deux semaines seulement après sa victoire de la Primaire populaire, coup dur, le président du PRG, annonce le 14 février que son parti se met « en retrait » de la campagne de l'ancienne Garde des Sceaux. Lâchée par ses « amis » du PRG, qui ne lui apporteront pas leurs parrainages, Taubira voit ses chances de réunir 500 parrainages d’élus se volatiliser et avec elles celles d’être en capacité de se présenter.

Sans projet, sans ralliements, sans argent et avant tout, sans parrainages, c’est donc le pire des scénarios qui se profile pour une candidate qui s’imaginait il y a quelques semaines seulement, pouvoir réunir des gauches irréconciliables et devenir une candidature de poids jusqu’à pourquoi pas accéder au second tour. Taubira n’a plus d’autres solutions que de renoncer pitoyablement.


Ce mirage Taubira n’aura pas duré et s’évaporera aussi vite qu’il est apparu.

Faut-il pour autant s’en réjouir ?

Certes, ce crash confirme qu’une élection présidentielle ne s’improvise pas et qu’on ne peut pas s’y présenter sans l’avoir un minimum préparé. Certes, sa candidature semblait mal emmanché dés le début et manquait de sérieux, certes elle ne s’appuyait sur aucun programme, mais pour autant voir cette gauche décomposée se trucider encore un peu plus, voir une candidature qui captait malgré tout des électeurs qui certainement ne se retrouvaient pas ou plus dans les autres candidatures et qui présentait un autre profil, un autre discours à gauche et qui du coup ne sera pas présente à l’élection présidentielle et qui pourtant aurait pu être légitime à y figurer, faut-il s’en réjouir ?

Le naufrage de la candidature Taubira ce n’est pas tant la défaite de la candidate, mais la victoire des combines politicardes, de petits arrangements d’arrières boutiques que répugnent tant les électeurs.

C’est dans tous les cas un nouveau bien triste épisode à gauche, une débâcle de plus, non seulement celle d’une étoile filante aussi brillante qu’éphémère, partie icône de la gauche, portée par le vote de plus de 400 000 citoyens, qui se termine précipitamment et lamentablement, mais c’est aussi et surtout celle de toute la gauche, incapable de se reconstruire et de dépasser ses rancœurs et ses haines fratricides.


Johann Lucas

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire