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La nigériane Karen Igho, gagnante de la saison 6 de Big Brother Africa |
Bien que l’électrification progresse petit à petit aux
rythmes des fêtes de villages d’un autre âge célébrant l’arrivée du courant,
force est de constater, comme je l’avais remarqué il y a quelques années au
Niger, dans le cadre d’une étude sur l’accès à l’électricité en Afrique
Sub-saharienne, que pour la majorité des ménages africains, le premier bienfait
qu’offre l’électricité, c’est la télévision.
Son pouvoir
hypnotique n’est plus à démontrer. Les migrants clandestins qui prennent chaque
jour la route au risque de leur vie pour rejoindre le rêve « vu à la
télé » en sont l’une des démonstrations.
De même, l’opération
séduction menée par le gouvernement chinois, en lançant une chaîne de
télévision Sino-africaine CCTV Africa, prouve également l’enjeu stratégique de
ce qui est sans contestes un outil exceptionnel de propagande et d’influence
culturelle et économique.
Toutefois,
la révolution du petit écran n’a pas la même intensité sur l’ensemble du
continent. Si certains pays font figurent de leaders dans le domaine, à
l’instar du Rwanda, du Nigéria, de l’Afrique du Sud et des pays du Maghreb, la
production audiovisuelle dans d’autres pays est loin d’être au même niveau.
Alors qu’ostensiblement, antennes et paraboles fleurissent
partout sur les murs des villes africaines et se font le principal relais de l’occidentalisation
véhiculée par les séries américaines ou les télénovelas, d’autres programmes
font le pari du « Made in Africa ». C’est le cas des productions Nollywoodiennes qui remportent
un vifs succès dans les pays anglophones et c’est aussi celui plus ambiguë des
émissions de téléréalité africaines
Face à un concept télé qui remporte un énorme succès dans
les pays occidentaux, l’Afrique pouvait-elle restée sur le bord du
chemin ? Faut-il s’en réjouir, mais quoi qu’il en soit, dans ce
domaine le continent n’est pas en reste.
Il existe de nombreux programmes de téléréalité produits en Afrique, notamment dans les pays du Maghreb où l’on retrouve d’ailleurs les mêmes titres que sur les chaînes européennes. Néanmoins, en termes d’audimat, depuis huit ans, l’émission de téléréalité phare sur le continent c’est Big Brother Africa.
Il existe de nombreux programmes de téléréalité produits en Afrique, notamment dans les pays du Maghreb où l’on retrouve d’ailleurs les mêmes titres que sur les chaînes européennes. Néanmoins, en termes d’audimat, depuis huit ans, l’émission de téléréalité phare sur le continent c’est Big Brother Africa.
Produit par Endemol Afrique du Sud, elle bat des records
d’audimat avec des dizaines de millions de téléspectateurs.
A Johannesburg, en Afrique du Sud, 28 candidats originaires
de 14 pays différents (Ouganda, Kenya, Tanzanie,
Malawi, Zambie, Zimbabwe, Ghana, Nigeria, Ethiopie, Angola, Botswana, Namibie,
Mozambique, Libéria et Sierra Leone) sont enfermés durant trois mois
dans une maison truffée de dizaines de caméras. A la clé, 300.000 dollars et
une belle notoriété, comme ailleurs en somme, le côté transnational en plus
(pourrait-on l’imaginer en Europe ?).
A l’image de leurs homologues européens, les candidats de
Big Brother Africa sont jeunes, beaux et futiles. Ils partagent tous la même
langue, l’anglais et assez fréquemment les mêmes sécrétions corporelles.
Comme en occident, c’est un peu la liberté de ton, mêlé
au voyeurisme et à beaucoup de vulgarité
qui a fait le succès du programme. En clair, l’émission repose sur un savant
mélange de nombreuses scènes « chaudes » et non floutées entrecoupées
de périodes d’ennui ou de coma cérébral collectif.
Comme en occident, ce sont de véritables vedettes dans leurs
pays et la plantureuse nigérianne Karen, gagnante de la saison sept n’a rien à
envier aux françaises Loana et Nabilla, même plastique, même frivolité exhibée
devant les caméras.
Pour conclure par une petite anecdote, en 2011 l’émission
avait provoqué une vive polémique, en particulier au Zimbabwé.
En effet, le candidat zimbabwéen Wendall Parson, après avoir
été largement décrié par les médias parce qu’il est blanc, avait ensuite été
porté au rang de héros national par les autorités et par le Président Robert
Mugabé himself parce qu’il était le premier zimbabwéen à remporter l’émission.
Cette victoire lui avait valu, en plus des 200.000 dollars de gain, un bonus de
50.000 dollars offert par le Président, grâce aux dons de chefs d’entreprise.
Alors
finalement, Big Brother Africa est-il aux médias ce que le Monument de la renaissance
africaine de Dakar est à l’architecture, le symbole d’un Panafricanisme moderne
et décomplexé ou au contraire une aberration, indécente, fruit d’une fuite en
avant acculturatrice ?
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La gagnante de Big Brother Africa 2013 Dillish Mathews en compagnie du présentateur star nigérian Ik Osakioduwa |
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Le "shower hour", heure à laquelle les candidats se retrouvent dans leur plus simple appareil pour la douche ou le bain, comme ici la ghanéenne Confidence. |
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Le candidat zimbabwéen Wendall Parson félicité par le Président Robert Mugabé |
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