mercredi 4 mai 2022

Mariage forcé

Si l’émergence d’une tripolarisation de la vie politique française autour d’un bloc centriste, d’une droite et d’une gauche radicales, a été manifeste lors de l’élection présidentielle, la recherche de rassemblements à tout prix à l’œuvre à gauche et à droite pose la question de la réduction de l’offre politique pour les électeurs.

Faut-il se réjouir d’une recherche de rassemblement et la fin des divisions ou au contraire regretter une tendance à l’effacement de la diversité des courants politiques ?

Alors que les principaux partis de gauche terminent de s’accorder autour d’une providentielle « Nouvelle Union Populaire Ecologiste et Sociale », d’un programme et d’une répartition des circonscriptions, avant que la droite finisse peut-être par leur emboiter le pas en ouvrant des discussions entre ses différentes composantes, on constate déjà que se profile des élections législatives avec un choix réduit pour les électeurs.

 Avec l’apparition du concept de « vote utile », la diversité de l’offre politique est progressivement devenue un gros mot et les petits candidats n’échappent jamais au procès en division. L’air du temps est à la recherche à tout prix d’unions et de rassemblements. Pourtant et je l’ai déjà évoqué lors de la campagne des présidentielles lorsque les gros candidats battaient à froid les plus petits leur reprochant de ne pas se retirer pour favoriser le rassemblement et le vote utile, la dynamique du rassemblement nait rarement d’unions provoquées suite à une raclée électorale.

 J’ai regretté que Christiane Taubira et Arnaud Montebourg se retirent de l’élection présidentielle ou encore que Hélène Thouy du Parti animaliste, ne dispose pas de ses 500 parrainages. A mon sens, ils incarnent chacun un courant, une pensée, une offre politique qui auraient certainement amenés des abstentionnistes à participer à ce scrutin. En réduisant le nombre de candidatures à une élection on prend aussi le risque que les électeurs n’adhèrent pas et ne se retrouvent pas dans les choix réduits qui leur sont proposés.  

Peut-être regretterons-nous bientôt l’époque où les candidatures étaient multiples et les électeurs disposaient d’un large éventail politique, si nous finissons progressivement par adopter un système à l’américaine où ne subsistent aux élections qu’un choix réduit à deux ou trois candidats.

Mélanger des partis et des personnes qui ont de très nombreux désaccords c’est aussi prendre le risque de créer un gloubiboulga qui efface les nuances et créé plus de problèmes qui n’en résout. C’est également parfois quand cela se fait dans le cadre d’une période pré-électorale, juste repousser les mésententes au lendemain de l’élection. Comment peut-on imaginer que des années de divisions et de désaccords puissent se régler en quelques heures dans le cadre d’une négociation tendue autour du partage de circonscriptions ?

En outre, voir des états-majors parisiens de partis politiques préparer les élections législatives c'est toujours craindre des accords passés à huis clos, sans associer les territoires et donc générateurs d’incompréhensions et de rejets. Ces négociations laissent craindre notamment les parachutages de candidats hors sols. Une pratique courante qui n’est pas nouvelle certes mais qui se solde rarement par une victoire. Il est important que les citoyens soient représentés par celles et ceux qui vivent et habitent le même territoire qu'eux.

Parachuter des candidats inconnus et sans attaches locales est souvent le meilleur moyen d'éloigner et déconnecter encore les citoyens de leurs parlementaires.

Quand un mariage se fait sans passion ou pire, par contraint, il est rare qu’il dure bien longtemps et finisse heureux.

L’union doit toujours se faire autour de valeurs communes, autour d’une volonté et pas autour d’accords techniques politiciens pour préserver l’existence et les financements de partis politiques. Les négociateurs des différents partis étant souvent les premiers bénéficiaires directs.

Seule l'avenir nous dira si l’union LFI-PS-PC-EELV se terminera par « Quatre mariages et un enterrement », par celui de la gauche en l’occurrence ou alors par "Quatre mariages pour une lune de miel."

Johann Lucas

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