À
l'ère de la mondialisation, où se rencontrent et se mêlent les
multiples cultures, religions et sociétés que compte l'humanité, la
crise fait malheureusement grossir les rangs de celles et ceux qui voit
la différence comme une menace au détriment de ses défenseurs qui y voit
au contraire un atout.
Quelle société voulons-nous ? Pour ma part, j'ai toujours été attaché au multiculturalisme. Parce que c'est une richesse, parce que vivre ensemble, sans créer de barrières entre religions, origines, ou conditions sociales est encore la meilleure façon d'assurer une coexistence bienveillante, paisible et de mieux se comprendre les uns les autres, j'ai toujours rejeté toutes formes de repli sur soi et de stigmatisation d'une population par une autre.
Le
multiculturalisme agite bien sûr des sentiments de crainte, de peur ou
même de violence, ne serait-ce que parce qu'il est souvent perçu comme
un danger pour la préservations des cultures des uns et des autres et le
risque de voir sa culture se diluer et disparaître.
De la
part de la "majorité", cela peut se traduire par la stigmatisation
d'une population bouc-émissaire, de la part de minorités, cela peut se
traduire par un communautarisme à l'excès. Vivre entre-soi, sortir
entre-soi, se marier entre-soi ... ces pratiques portent un nom, celui
de "communautarisme".
Défendu par ceux qui le pratique,
comme une manière de préserver leur culture, le communautarisme désigne
l'aspiration d'une minorité à se différencier volontairement, pour
s'entraider, voire pour se dissocier du reste de la société. Une notion
un peu fourre-tout donc puisqu'elle englobe aussi bien une démarche
qu'on peut juger plutôt "positive" d'entraide et de soutien et une autre
"négative", celle d'isolement voir de rejet vis-à-vis du reste de la
société. Si une société multiculturelle permet justement à chacun de
vivre et pratiquer sa culture librement, que faut-il penser d'une
minorité qui décide de vivre en vase clos ?
Réalité
surprenante, en France en 2015, il est possible de vivre depuis 30 ou
40 ans dans ce pays, sans en connaître la langue, sans côtoyer le reste
de la société, en vivant en totale autarcie avec les membres de sa
communauté. Pour avoir discuté longuement de certaines de ces pratiques,
notamment avec celles et ceux qui les véhiculent ou les subissent et en
avoir été témoin à maintes reprises, on perçoit clairement que le cœur
du sujet c'est celui de la question de l'intégration, seulement encore
faut-il la vouloir de chaque côté.
Il
est toujours difficile et délicat de distinguer la frontière entre la
volonté de bienveillance avec les siens ou de malveillance vis-à-vis des
autres.
Quoi
qu'il en soit, ces excès en entraînent d'autres, et les abus des uns
entraînent des réactions excessives des autres. De là, à mettre
multiculturalisme et communautarisme dans le même sac, il n'y a qu'un
pas que certains franchissent aisément comme le député frontiste Gilbert
Collard l'illustre parfaitement lorsqu'il déclare sur itélé "on arrête
de jouer, on met un barrage au communautarisme, au multiculturalisme, on
surveille les frontières".
En
France, le terme de "communautarisme" a été de plus en plus employé
depuis le début des années 1990, souvent pour désigner les musulmans. Il
est presque toujours utilisé dans un sens péjoratif pour désigner une
menace contre le reste de la société.
Il
n'en est pas forcément de même ailleurs en occident où s'oppose souvent
la conception de l'"anti-communautarisme" à la française et celle du
communautarisme ou multiculturalisme à l'angle-saxonne. La seconde se
voulant plus tolérante, plus ouverte diront ses partisans, plus laxiste
et irresponsable diront ses détracteurs.
Si
le communautarisme se prête facilement aux débats enflammés où se
mêlent souvent colères et incompréhensions, chacun ayant ses propres
anecdotes personnelles et faits divers sur un sujet très complexe,
instrumentalisé par les uns et les autres, il faut éviter les excès,
caricatures et sectarismes et savoir raison garder.
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