mercredi 3 octobre 2018

Le départ des fidèles et l’art de changer des têtes plutôt que de tendre une oreille


La démission du Ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, qui fait suite à celles de Nicolas Hulot et Laura Flessel le 4 septembre dernier, ne devrait-elle pas être l’occasion pour le Président et le Premier ministre d’écouter les raisons de ces départs, de les analyser, chercher à les comprendre et en tirer des enseignements, au lieu de simplement espérer passer à autre chose rapidement en remplaçant une tête par une autre ?

Ces différents, car ce sont manifestement des désaccords qui entrainent ces départs, sont révélateurs d’un malaise et veulent dire quelque chose, d’autant plus lorsqu’il s’agit de fidèles de la première heure qui étaient présents et sur qui on a pu compter, avant même la victoire.

Certainement déçus par une pratique qui se voulait différente et nouvelle mais qui s’avère ne pas l’être finalement, ébranlés par ce que l’Affaire Benalla a révélé des dysfonctionnements d’un système qui se voulait irréprochable et qui ne l’était pas, ce sont des soutiens qui se désolidarisent. Ce sont des amis qui font le deuil de ce en quoi ils avaient cru et pour qui la déception ne fut que plus grande.
Lors de son départ du Gouvernement de Manuel Valls, Christiane Taubira avait dit « Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir. Par fidélité à soi. »

Faut-il d'ailleurs rappeler que les mêmes 1 an et 4 mois avaient suffi également à François Hollande et Jean-Marc Ayrault pour subir les départs pas plus glorieux de Jérôme Cahuzac le 19 mars 2013 et Delphine Batho le 2 juillet 2013.
Sans verser dans le Macron bashing, admettons pourtant que les démissions successives de ministres emblématiques sont révélatrices de problèmes, que l’Exécutif aurait tort de balayer d’un revers de main et de minimiser.

Certes, aux affaires les départs au sein d’une équipe sont inévitables, néanmoins leur répétition et le fait qu’il s’agisse des têtes qui étaient en première ligne doit immanquablement amener à se poser des questions, tirer un constat et tenter d’arranger la situation, au lieu d’en détourner le regard et d’accélérer.
C’est à présent à l’Exécutif de changer de cap ou du moins de corriger le tir, plutôt que de se limiter à du repoudrage en ne changeant rien sur le fond mais seulement en trouvant un nouveau visage pour remplacer le précédent.

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