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© Feije Riemersma
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Si le fameux adage « l’Afrique
est riche mais les Africains sont pauvres », illustre habituellement le
phénomène théorisé dans les années 1990 de « malédiction des ressources
naturelles », qui confère paradoxalement aux nombreuses richesses que
compte le continent africain, la cause de la plupart de ses malheurs, c’est
parce que nous savons tous combien les minerais rares et précieux, tels que l’uranium,
le pétrole, l’or ou le diamant, sont souvent responsables de guerres, de massacres
et de trafics.
Néanmoins, bien que cela
puisse nous sembler
totalement aberrant,
alors que nous commémorons chaque année l’abolition de l’esclavage, force est
de constater qu’outre les « diamants de sangs » du Libéria, l’or et le
coltan de l’Est de la République démocratique du Congo, le pétrole nigérian ou
l’uranium nigérien, la prédation et le commerce sont des phénomènes qui concernent
aussi aujourd’hui des hommes, des femmes et des enfants.
Comme, pour l’ivoire l’est aux
éléphants, la peau de certains africains, vaut de l’or et est au cœur d’un trafic
très lucratif et particulièrement cruel. C’est le cas des albinos en Afrique.
Alors que les meurtres rituels
d’albinos reviennent régulièrement dans les médias du continent et défrayent la
chronique, certaines affaires particulièrement sordides et d’un autre âge,
émeuvent et scandalisent l’opinion en Afrique et au-delà, relayant de plus en
plus les persécutions dont font l’objet cette minorité.
La chasse aux albinos est une
pratique courante dans certains pays. On évoque généralement le Sénégal, le
Mali, le Cameroun, la RD Congo, le Burundi ou la Tanzanie, comme faisant parti
des pays où la situation des albinos est la plus préoccupante.
Affaires d’enfants démembrés puis
mangés, d’hommes et de femmes enlevés et charcutés vivants, sont autant de
faits divers et d’histoires actuelles liant sorcelleries et croyances
traditionnelles, qui prêtent aux albinos des pouvoirs magiques. Ainsi, coucher
avec un albinos rendrait riche ou guérirait un malade du sida, le sacrifier
permettrait de remporter une élection, manger certains de ses organes
permettrait des guérisons miraculeuses ...
Difficile d’estimer le nombre
et les proportions de ces persécutions et assassinats, car si les mentalités
semblent évoluer comme en témoignent les condamnations à mort en 2009 en
Tanzanie d’hommes ayant assassinés des albinos, paradoxalement en mars 2013,
Madame Navi Pillay, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, évoquait
une recrudescence des attaques contre les albinos en Tanzanie, liées à la
sorcellerie.
Difficile aussi de savoir si la
notoriété du plus connu des albinos africains, le musicien malien Salif Keita
ou de sa fille Nantenin Keïta, championne du monde du 400m malvoyant, ou l’engouement
soudain du monde de la mode pour les mannequins africains et afro-américains albinos
tels que Shaun Ross, Thando Hopa et Diandra Forrest, représentent une réelle évolution
des mœurs et des mentalités ou bien l’arbre qui cache la forêt.
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Journal camerounais "Le jour" de novembre 2013 |
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Affiche du rassemblement contre les sacrifices humains sur les enfants et les albinos en Afrique du 23 août 2013 à Paris à l'initiative d'un collectif d'associations |
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Centre de réinsertion des albinos au Sénégal © Mamadou Sane Dakar Bondy Blog |
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Le chanteur malien Salif Keïta, le plus connu des albinos africains © Salif Keïta |
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