L'artiste Effer Lecebe à la Foire Européenne d'art contemporain à Lille en 2013 © efferlecebe.fr/ |
Où sont donc les Casques bleus ? Ils semblent manifestement avoir
oublié un conflit qui a déjà fait en un mois près de 2000 victimes, en très
grande partie civile.
Présents dans une quinzaine de pays du monde, pour des missions de
maintien de la paix, 80 % des contingents des 120.000 hommes et femmes qui
composent cette force internationale, sont actuellement déployés sur le sol
africain, principalement en RDC (25.643) et au Soudan dans la région du Darfour
(22.392). Hors Afrique, la quasi-totalité du personnel restant se trouve au
Liban et à Haïti.
On aurait vite fait de penser que naturellement, c’est là que se
trouve l’essentiel des conflits en cours. Pourtant, certes la situation en
Centrafrique est dramatique et celles du Soudan et dans l’est du Congo le sont
tout autant, mais ces trois zones de guerre, sur un continent de 30 millions de
kilomètres carré, qui comptent 54 pays et 1,2 milliards d’habitants,
suffisent-elles à rendre un continent entier dangereux, infréquentable et requièrent-elles
la présence de l’essentiel des forces internationales alors que se déroule un
conflit vers lequel le monde a les yeux tournés ? Il ne s’agit évidemment pas
de déshabiller Jacques pour habiller Paul, mais de constater que face aux
horreurs de la guerre, la communauté internationale semble visiblement bien moins
encline à se mouiller lorsqu’il ne s’agit pas de pays africains où les
questions de souveraineté territoriale notamment semblent bien moins
compliquées. En Syrie, en Irak, en Lybie, à Gaza où est l’ONU ?
La guerre en Syrie et ses près de 200.000 morts et disparus depuis
mars 2011, la situation en Ukraine où l’on compte plus d’un millier de victimes
et près de 300.000 déplacés, le massacre de milliers de Gazaouis ou l’insécurité
grandissante des 600.000 chrétiens d’Irak n’exigent-ils pas toute l’attention
des Nations-Unies ?
Face à une communauté internationale complètement inefficace, les sempiternels
inquiétudes du Secrétaire général de l’ONU, répétés dans toutes les langues, qui
semblent avoir aussi peu de portée que « la forte préoccupation » exprimée par
le Pape ou les multiples déplacements du Secrétaire d’Etat de la première puissance
mondiale (principal allié militaire d’Israël) espionné par le gouvernement
hébreux, comment ne pas être en colère ?
Alors que de plus en plus de personnalités réclament l’envoi des Casques
bleus à Gaza, à l’instar de l’écrivain Jean Ziegler, de la Présidente du
Conseil général de la Réunion Nassimah Dindar dont la pétition en ligne en
faveur de l’envoi des Casques bleus à Gaza a récolté 30.000 signatures, de l’ancien
premier ministre Dominique de Villepin qui préconise « d'imposer la paix »
par « une mission de l'ONU » ou encore l'ambassadeur palestinien en
France, Hael Al Fahoum, l’ONU se contente de venir en aide aux déplacés lorsque
cela est possible et sur la scène internationale de hausser le ton tantôt
contre le Hamas, tantôt contre Israel, au gré des attentats et des massacres.
Réelle impuissance diplomatique face à une situation géopolitique qui
dure et dont on ne voit pas l’issue ou embarra teinté de nonchalance, le
résultat est le même, celui de l’effacement des diplomaties occidentales et
au-delà, internationales.
Bien sûr, un déploiement d’hommes sur le terrain est lourd de responsabilité
et de conséquences. Alors que 115 pays contribuent aux forces internationales en
soldats, policiers et personnels, aux premiers rangs desquels le Pakistan, le Bangladesh et l’Inde, dans un territoire densément peuplé, pauvre et instable, la
mise en péril de Casques bleus embarrasse et semblent faire le jeu du « il
est urgent de ne rien faire. »
C’est pourtant la légitimité de l’ONU qui s’effrite petit à petit, car
si la force internationale a pour raison d’être le « maintien ou le rétablissement de la paix et
de la sécurité internationale », sa passivité et sa politique de l’autruche ne
l’ont-elles pas complètement délégitimé ?
Le stade de l’indignation ou de la condamnation est dépassé depuis
bien longtemps, qu’attend donc la France pour présenter une résolution au
Conseil de sécurité des Nations Unies afin d’imposer l’arrêt des massacres et
l’envoi de Casques bleus ?
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